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Et puis enfin tu as mille raisons pour aimer Mathilde ; votre amitié me charme, elle me prouve que tu n’es pas ingrate. Ta cousine ne t’a-t-elle pas fait la plus magnifique charité du monde ? celle d’une éducation splendide. Sans elle, tu ne l’aurais jamais eue, cette éducation-là. Est-ce que ton père aurait pu te donner des professeurs à un louis le cachet ? Encore une fois, tu fais bien d’aimer, de bénir ta cousine ; grâce à elle, tu peux, par ton instruction, par tes talents, faire oublier que ta figure est aussi peu agréable que la sienne est ravissante… »

Il n’y avait rien de plus perfide, de plus odieux, de plus dangereux que ces blâmes et que ces louanges sur nos avantages ou sur nos désavantages physiques.

Je n’ai jamais compris cette fausse modestie qui consiste à nier sa beauté ; c’est un fait indépendant de soi. Si l’on est belle, l’avouer n’est pas s’enorgueillir, c’est dire vrai.

Je conçois, au contraire, la plus scrupuleuse, la plus défiante réserve dans l’appréciation qu’on peut faire des talents ou des avantages acquis.