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vous ne trouvez pas qu’Ursule a la taille un peu voûtée, un peu tournée ? Ce n’est presque rien… mais certainement il y a quelque chose, n’est-ce pas ? C’est comme un ressouvenir de famille du côté paternel. »

Les complaisants de mademoiselle de Maran ne manquaient pas de nier faiblement, et ma tante de s’écrier :

« Quelle différence avec Mathilde !… Voilà une vraie taille de fée, droite comme un jonc, flexible comme l’osier ; il n’y a pas une jeune personne de son âge qui réunisse comme elle la grâce à la majesté, l’esprit à la beauté. Que faire à cela ? Toi qui n’as pas ces belles qualités, ma pauvre Ursule ! crois-moi, pour te consoler d’être en tout si au-dessous de ta cousine, il faut l’admirer… vois-tu, car l’admiration est la consolation des vilaines figures généreuses ; ce sera d’autant mieux de ta part, que c’est surtout quand on te compare à Mathilde qu’on te trouve laide… C’est comme moi, je ne paraissais jamais si affreuse qu’en compagnie d’une femme jeune et belle ; mais, ainsi que je te le dis, je me consolais en l’admirant…