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que ma cousine, et d’entendre mademoiselle de Maran dire devant moi et devant ma cousine aux personnes qui venaient la voir :

« C’est incroyable comme les années changent les traits… Tenez, par exemple… Mathilde était seulement jolie, étant enfant ; eh bien ! à mesure qu’elle grandit, elle devient d’une beauté si accomplie, si remarquable, qu’on se retourne pour la voir ; Ursule, au contraire, qui avait un petit minois assez gentil, devient, en grandissant, un vrai laideron ; avec cela l’air si commun…. si commun !!… tandis que sa cousine a une physionomie si distinguée ! Mais, hélas ! que veux-tu, ma petite, — ajouta mademoiselle de Maran en s’adressant à Ursule avec une résignation hypocrite et en prenant son air de bonne femme, — il faut nous résigner et en passer par là… Notre côté, à nous, dans la famille, n’a eu ni la grâce ni la beauté en partage ! Je puis bien en parler, moi qui suis laide comme les sept péchés capitaux, et bossue comme un sac de noix. Mais, à propos, — ajoutait ma tante en s’adressant à ses complaisants, — est-ce que