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je me vis couchée dans mon lit, ma gouvernante était à mon chevet ; ma cousine, à genoux, tenait mes mains dans les siennes.

Je ne puis exprimer avec quel ravissement, avec quel orgueil, je me souvins de ma courageuse action. Toute ma peur était d’apprendre l’apaisement de la colère de ma tante.

— Mon Dieu, ma pauvre enfant, — dit Blondeau, — vous qui êtes si bonne, comment avez-vous donc eu le cœur de faire tant de mal à ce chien ? Il est méchant comme un démon… je le sais, mais enfin, c’est toujours bien cruel à vous…

— Et, ma tante !… ma tante !… Est-elle bien fâchée ? — dis-je avec impatience.

— Si elle est fâchée ? Jésus mon Dieu ! — dit Blondeau ; — elle est si fâchée qu’elle en a eu une attaque de nerfs… En revenant à elle, ses premiers mots ont été d’ordonner qu’on vous mît au pain et à l’eau pendant huit jours.

— Ah !… Ursule ! — m’écriai-je en me jetant au cou de ma cousine.

— Ce n’est pas tout, mademoiselle, — ajouta tristement Blondeau ; — madame votre tante vous fait faire un sarrau de grosse toile grise