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tis sur ma joue les doigts osseux et secs de ma tante.

Le soufflet fut si violent que je faillis tomber à la renverse.

Quoique ma douleur eût été violente, quoique la frayeur de ma tante fût grande, je ne songeai pour ainsi dire qu’à l’insulte ; je devins pourpre de colère : sans trop savoir ce que je faisais, je lançai les pincettes de toutes mes forces contre mademoiselle de Maran.

La fatalité me servit à souhait ; les pincettes atteignirent la magnifique coupe de porcelaine de Sèvres : le royal présent fut brisé en morceaux.

Ensuite de cette belle victoire de chien brûlé et de coupe cassée, insensible aux reproches, aux menaces de ma tante, je courus dans le parloir, enivrée d’orgueil, en criant de toutes mes forces : — Ursule !… Ursule… viens donc voir !…

Puis ne pouvant, sans doute, résister à la violence des sentiments qui m’agitaient depuis quelques minutes, je perdis complètement connaissance…

Que l’on juge de ma joie ! En revenant à moi