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son oreille complètement brûlée, elle releva sa tête et me dit en furie :

— Petite stupide ! vous ne pouviez pas veiller sur lui… et l’empêcher d’approcher du feu… Servien… Servien… vite, de l’eau fraîche… de la glace…

Puis, les yeux égarés par la colère, les lèvres écumantes, ma tante, oubliant ses procédés jusqu’au sang et s’écria : — Tu ne pouvais pas veiller sur lui, vilaine sotte… indigne créature !…

Mademoiselle de Maran avait une si terrible figure, elle avait l’air si méchant, que j’eus un moment d’indécision : je pouvais lui laisser croire que la brûlure de Félix était la suite d’une imprudence, mais je surmontai bien vite cette lâche faiblesse ; m’échappant de ses mains, je lui montrai la pincette que je tenais encore, en lui disant avec un calme superbe et triomphant :

— J’ai fait rougir cette pincette au feu, et je m’en suis servie pour brûler l’oreille de Félix.

Je n’avais pas terminé ces mots, que je sen-