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cette au feu ; quand je la vis bien rouge, je la pris et je m’avançai intrépidement contre mon ennemi.

Selon son habitude, il sortit de sa niche en aboyant pour se jeter sur moi ; mais je le saisis si adroitement avec la pincette par une de ses oreilles pointues, qu’il poussa des hurlements affreux, et tomba sans avoir le courage ou la force de regagner sa niche. J’eus un moment de remords en voyant fumer l’oreille de ce malheureux animal et en entendant ses cris douloureux ; mais, pensant au bonheur d’être maltraitée par ma tante aux yeux d’Ursule, j’étouffai ce mouvement de pitié.

J’étais héroïquement restée debout, ma pincette à la main : ma victime se roulait à mes pieds.

Mademoiselle de Maran accourut et entra tout effrayée.

Son maître d’hôtel la suivait non moins inquiet.

— Bon Dieu du ciel ! qu’y a-t-il ? — s’écria-t-elle en se précipitant sur Félix. — Qu’y a-t-il, mon pauvre loup ?… Puis apercevant