Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tante, Félix était couché dans sa niche de velours ; je ne voyais que sa tête : je voulais lui faire du mal, mais je ne savais comment m’y prendre : il était très méchant, très défiant, et d’ailleurs un coup de pied n’eût suffi ni à ma vengeance ni à mes projets.

Maintenant je ne puis m’empêcher de sourire en retraçant ces détails puérils ; pourtant je ne me souviens pas d’avoir jamais ressenti une émotion aussi profonde, aussi saisissante que celle que je ressentais alors, lorsque je fus sur le point d’agir.

Chose étrange ! depuis, j’ai pris dans ma vie des résolutions bien graves, bien coupables même ; mais encore une fois jamais je n’ai éprouvé la crainte, l’hésitation, le remords anticipé, si cela se peut dire, que j’éprouvai au moment de commettre une méchante espièglerie d’enfant.

J’avoue que ma vengeance contre Félix fut bien barbare ; je n’étais pas cruelle par caractère ; il fallait tout mon désir de réhabilitation auprès d’Ursule pour me décider à cette atrocité.

J’eus l’abominable idée de mettre une pin-