Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de cruels reproches à Ursule ; il fallait donc me rendre autrement coupable.

Je méditai longtemps ce beau projet ; j’avais, me dit plus tard Blondeau, l’air grave, pensif et préoccupé. Je redoublai de tendresse à l’égard d’Ursule ; mais je prenais toutes les précautions possibles pour qu’elle ne pût pas être accusée d’avoir connu mes desseins.

Entre plusieurs fâcheux projets, j’avais songé d’abord à briser une magnifique coupe de porcelaine de Sèvres que le roi Louis XVIII avait donnée à ma tante et à laquelle elle tenait beaucoup.

Cela ne me satisfit pas : on pouvait attribuer cet acte à une maladresse, à une imprudence. Il me fallait quelque chose de prémédité, quelque bonne méchanceté, bien franche, bien inexcusable.

Alors je pensai bravement à mettre le feu aux rideaux du salon ; mais les suites de cet incendie devenaient dangereuses pour Ursule et pour Blondeau, et d’ailleurs on pouvait encore attribuer tout au hasard.

En machinant ces mauvais desseins, je n’avais pas le moindre scrupule, je croyais faire