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Ursule elle-même m’aimait assez pour faire exprès des fautes et me laisser ainsi l’avantage.

Je ne sais si notre affection naissante contraria les projets de mademoiselle de Maran ; mais elle trouva le moyen de me tourmenter de nouveau, et plus cruellement que jamais.

Sous le prétexte de nous habituer peu à peu à voir le monde, elle nous fit venir quelquefois, le matin, dans son salon. Elle recevait tous les soirs, mais plusieurs personnes intimes venaient la voir entre quatre et six heures.

Qu’on juge de mon chagrin la première fois que j’entendis ma tante dire à des étrangers en nous montrant, moi et Ursule :

« Croiriez-vous que ma nièce, qui a une année de moins que mademoiselle d’Orbeval, et qui a commencé son éducation beaucoup plus tard, s’est tellement appliquée, a fait des progrès si étonnants qu’en toute chose elle prime sa compagne ? C’est étonnant, n’est-ce pas ? Ordinairement, ce sont les pauvres filles sans fortune qui travaillent le plus assidûment. Ici, c’est tout