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que vous serez vêtue en noir, mais non pas en noir de deuil, s’il vous plaît ; ce serait par trop ridicule… Mais vous aurez de belles robes de moire et de soie, pendant que cette pauvre Ursule n’aura que des robes de laine… ce qui la fera bien enrager.

— Je voudrais n’être jamais mise autrement que ma cousine, ma tante.

— Comment ! c’en est déjà à ce point-là ? — s’écria mademoiselle de Maran en attachant sur moi ses yeux perçants. — Mais c’est encore bien mieux que je ne le pensais. Allons… allons… rassurez-vous, une fois le deuil fini, vous serez toujours mises comme les deux sœurs ; vous êtes assez riche pour faire de temps en temps cadeau d’une belle robe à votre cousine, qui n’a pas le sou.

— Ma tante, vous ne me comprenez pas, — m’écriai-je avec impatience, — puisque Ursule est pauvre, je voudrais être mise comme elle et non pas qu’elle fût mise comme moi.

Mademoiselle de Maran me regarda encore attentivement, et dit de son air sardonique :

— Ah çà ! mais à qui en a donc aujourd’hui cette petite avec ses superlatives délicatesses ?