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rances. J’oubliai complètement les perfides conseils de ma tante ; au lieu de songer à humilier Ursule, je ne songeai qu’à l’aimer.

Elle avait une année de plus que moi. Par une bizarre singularité, ses cheveux étaient noirs, et ses yeux bleus, tandis que j’avais les yeux noirs et les cheveux blonds. Nous étions à peu près de la même taille ; les traits d’Ursule étaient loin d’être réguliers, mais on ne pouvait imaginer une physionomie plus intéressante, un sourire plus doux et plus aimable.

La première fois que je la vis, elle portait le deuil de sa grand’mère. Ses vêtements noirs faisaient encore plus ressortir la blancheur rosée de sa peau ; je lui trouvai une expression si charmante que je me jetai à son cou, en l’appelant ma sœur.

Malgré moi je pleurai ; ces larmes furent les plus douces larmes que j’eusse encore répandues. Ma cousine accueillit mes caresses avec une grâce touchante, je l’emmenai dans ma chambre, et je mis à sa disposition tous mes trésors de toilette.

Ursule ne montra ni embarras gauche, ni