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des yeux. Sa figure, ordinairement si douce, si calme, avait une expression sinistre qui me glaça d’épouvante.

Elle me regardait en se parlant à elle-même à demi-voix et d’un air égaré.

— Non, non, — disait-elle, — je ne puis supporter cela plus longtemps. Ce monstre perd mon enfant ; elle l’a rendue indifférente… Méprisante pour moi, Mathilde ne m’aime plus. Je ne lui suis plus bonne à rien, je n’ai pas besoin de rester plus longtemps… Aussi bien je ne le pourrai pas… Non, aujourd’hui j’ai trop souffert ; on a comblé la mesure… De l’argent… à moi… Ah ! j’en deviendrai folle… Je crois que je le suis déjà… Allons, finissons-en ; un dernier baiser à ce pauvre petit ange endormi ; il a prié pour moi, le bon Dieu me pardonnera.

En disant ces mots, Blondeau me baisa au front et ajouta en sanglotant : — Adieu ! adieu ! tu ne sauras jamais le mal que tu m’as fait, pauvre petite… Ce n’est pas toi que j’accuse… oh non ! c’est ce monstre qui a fait mourir ta mère de chagrin, et qui veut perdre ton âme… Adieu ! encore adieu… Ô mes beaux