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souffert, j’ai versé des larmes bien amères ! mais Dieu sait que, dans le plus violent paroxysme du désespoir, je me suis souvent écriée : — Je dois tout supporter sans me plaindre ! car j’ai causé à la meilleure des créatures le plus affreux chagrin que le cœur humain puisse éprouver.

Le soir de ce jour-là, malgré mon indifférence, j’étais assez honteuse en songeant à Blondeau ; je m’attendis à des reproches, je trouvai, au contraire, ma gouvernante plus tendre que d’habitude, seulement elle était très pâle, très affectée. Je lui trouvai dans le regard quelque chose d’extraordinaire.

Elle me coucha et m’embrassa à plusieurs effusion ; je sentis ses larmes couler sur mes joues. Mon naturel reprit le dessus ; je me jetai à son cou en lui demandant pardon de l’avoir affligée.

— Vous accuser… vous… mon enfant… jamais, — disait-elle en pleurant, en baisant mes cheveux et mes mains. — Jamais, pauvre petite ! Tant qu’on vous a laissée être bonne et délicate, vous avez été, en tout, le portrait de votre mère… Mais ne parlons plus de cela,