Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais… non, je n’ai rien autre chose à te donner, — lui dis-je.

— Pourtant… les autres années… — et elle tâchait de cacher ses larmes, — les autres années… vous savez bien… le soir… après votre prière… vous me donniez…

— Ah ! oui, je sais ce que tu veux dire ; mais maintenant, vois-tu, je n’ai plus le temps, il faut que j’étudie… Et puis d’ailleurs, vous autres, vous aimez mieux l’argent que tout.

Puis, sans l’embrasser, sans lui donner la moindre marque d’affection, je lui remis l’argent dans la main, et je sortis en sautant pour aller admirer une magnifique palatine d’hermine dont mademoiselle de Maran me faisait présent.

En quittant ma gouvernante, j’entendis un gémissement douloureux et le bruit des pièces d’or qui tombèrent de sa main sur le parquet.

Dans mon impitoyable indifférence, dans ma hâte d’aller contempler le cadeau de ma tante, je ne m’arrêtai pas un moment, je ne retournai pas la tête.

Hélas ! quoique jeune encore, j’ai beaucoup