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d’elle, souriante, légère et moqueuse. Elle leva au ciel ses mains amaigries, et s’écria en pleurant :

— Mon Dieu ! elle qui avait le cœur de sa mère !… ils l’ont perdue… perdue…

De ce jour, la malheureuse femme devint encore plus sombre, plus taciturne. Quoique sa faiblesse fût grande, elle voulut se lever… Distraite, absorbée, elle semblait préoccupée d’une idée fixe. Nos gens la prenaient presque pour leur jouet. Elle, autrefois si impatiente, semblait tout souffrir avec résignation ou plutôt avec indifférence. Elle me parlait à peine.

Je me souviens qu’une nuit, en m’éveillant, je la trouvai la tête penchée sur mon chevet, les yeux baignés de larmes, et me regardant avec une angoisse indéfinissable.

J’eus peur, je feignis de me rendormir. Le lendemain, je dis tout à ma tante. Elle me répondit que c’était une plaisanterie de Blondeau qui voulait m’effrayer. Je crus mademoiselle de Maran, et je gardai rancune à ma gouvernante.

Le jour de l’an arriva ; la veille, ma tante