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pression de son langage, et je riais encore.

Peu à peu, à l’oubli de cette affection si sainte, si dévouée, se joignit presque le mépris ; car ma tante me fit rougir de l’espèce de familiarité dans laquelle je vivais avec une femme de cette espèce.

Sans doute j’eus tort, bien tort ; mais j’avais huit ans à peine, et une femme d’un esprit réellement très supérieur en abusait pour me jeter dans une voie funeste.

Je ne suivis que trop ses conseils ; je témoignai tant de froideur à ma gouvernante, que la malheureuse femme tomba malade de chagrin, après avoir fait tout pour réveiller en moi mon attachement d’autrefois.

Lorsque je la vis pâle, changée, je compris toute l’étendue de ma faute ; je pleurai, je ne voulus plus la quitter : ma tante, s’apercevant de mon affliction, me persuada que la maladie de Blondeau était un jeu, une feinte. Cette odieuse interprétation donnait une excuse à mon ingratitude, j’y ajoutai foi.

Je n’oublierai jamais le douloureux étonnement qui se peignit sur les traits de ma gouvernante, lorsqu’elle me vit revenir auprès