Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

instruction avait beaucoup gagné, mon esprit s’était développé, mais le germe des plus mauvaises passions commençait à fermenter en moi.

Malgré le christ d’ivoire qui ornait l’alcôve de ma tante, elle ne pratiquait en apparence aucun acte religieux.

Elle se bornait à m’envoyer à la messe, à Saint-Thomas-d’Aquin, avec une de ses femmes. Un valet de pied me suivait, portant un carreau armorié pour mes pieds, et un sac de velours qui renfermait mon livre de messe. C’était un appareil aussi ridicule qu’inconvenant pour un enfant de mon âge, et j’entendais dire sur mon passage : « La tendresse aveugle de mademoiselle de Maran pour sa nièce va jusqu’à la folie. »

Je finissais par croire à cet attachement. En effet, on disait partout que ma tante m’idolâtrait, et qu’il faudrait s’en prendre à sa faiblesse et à son aveuglement si un jour j’étais mal élevée.

À cette heure encore, bien des gens sont persuadés que mademoiselle de Maran m’a