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un homme de cœur, que tous tremblaient devant le crédit de mademoiselle de Maran.

Comme mon protecteur leur offrait de soutenir l’épée à la main ce qu’il avait avancé, il n’y eut qu’un cri d’indignation contre ce spadassin, qui voulait faire prévaloir la force brutale dans les délibérations de famille, et qui ne respectait ni le sexe ni la vieillesse.

M. de Mortagne, outré, vint à moi, m’embrassa tendrement et me dit : Mon pauvre enfant, dans peu de temps nous nous reverrons. Que Dieu vous garde de cette méchante femme et de ses complaisants ! Je le vois, ils ont maintenant le nombre et la loi pour eux. Patience, patience, je trouverai moyen de vous sauver malgré eux… Il m’embrassa de nouveau et sortit.

Après son départ l’indignation redoubla, et fit bientôt place à un sentiment de pitié méprisante.

Ceux de mes parents qui étaient en état de répondre aux provocations de M. de Mortagne et qui ne l’avaient pas fait, non par manque de courage, mais par crainte de ma tante, affirmèrent que M. de Mortagne avait le cerveau