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de ma tante, qui pouvait lui nuire ou le servir.

M. de Mortagne reprit que dans toute autre circonstance il n’aurait élevé aucune objection contre l’éducation particulière qu’on voulait me donner et me faire partager avec ma jeune parente, mais qu’il avait de puissantes raisons de croire que l’influence de mademoiselle de Maran ne pouvait que m’être funeste ; qu’elle avait torturé mon enfance, et qu’elle perdrait peut-être ma jeunesse.

Une rumeur d’indignation lui coupa la parole.

Mon tuteur s’écria que jamais sa fille ne mettrait le pied chez ma tante ; qu’il n’avait adhéré aux propositions qu’on lui avait faites que dans mon intérêt, mais qu’il retirait sa promesse, puisqu’on interprétait si mal son dévoûment. Pourtant, lorsque toute l’assemblée se fut jointe à mademoiselle de Maran pour apaiser M. le baron d’Orbeval et pour blâmer M. de Mortagne, mon tuteur promit de laisser venir sa fille. — M. de Mortagne, ne pouvant contenir sa colère, s’échappa jusqu’à dire qu’il n’y avait pas dans l’assemblée