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pas à ces hommages par affection, mais par orgueil.

On n’attendait plus que M. de Mortagne, il arriva. Mon cœur battait avec force. De lui allait dépendre mon avenir.

Je remarquai bien vite que M. de Mortagne était reçu avec froideur par mes parents. Sa barbe et ses dehors négligés firent chuchoter et sourire, quoique son originalité fût connue.

On savait la profonde aversion de ma tante contre lui ; en le raillant on savait la flatter.

Après quelques moments de silence, mon tuteur, M. d’Orbeval, pria M. de Mortagne de reproduire les raisons qui lui semblaient motiver la réunion d’une assemblée de famille.

M. de Mortagne répéta ce qu’il avait dit à ma tante sans mesurer davantage ses termes ; il finit par demander qu’on me mît au couvent des Anglaises, qui était alors en aussi grande vogue que l’a été par la suite le Sacré-Cœur.

Pendant cette violente accusation, mademoiselle de Maran resta impassible. Nos parents complètement dominés par elle, en avaient une peur horrible. Ils manifestèrent à plusieurs reprises leur indignation contre M. de