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vérité, malgré votre naissance, vous étiez digne d’être des leurs, vous avez fait partie de ces messieurs de la Loire.

M. de Mortagne m’a dit qu’en effet les froids et cruels sarcasmes de ma tante l’avaient mis hors de lui, et qu’il se reprocha de lui avoir brutalement répondu :

— C’est vrai ! quand je songe que vous avez fait mourir de chagrin ma cousine de Maran, quand je songe que vous torturez un malheureux enfant avec une méchanceté diabolique, je me demande si l’on ne devrait pas mettre hors la loi… ce qui est moralement et physiquement hors de la nature.

— Assez d’insultes comme ça ! sortez ! sortez, Monsieur ! — s’écria mademoiselle de Maran avec une telle expression de colère, que, lorsque M. de Mortagne, en se levant, voulut me déposer à terre, je me cramponnai à lui de toutes mes forces en le suppliant de ne pas me laisser avec ma tante.

Il me mit dans les bras de ma gouvernante, qui était restée muette et inaperçue pendant cette scène.

Nous sortîmes tous trois : mademoiselle de Maran était dans une colère difficile à peindre.