frère est sacrée pour moi que je traite cette petite comme il me convient de la traiter. Elle m’est confiée, je n’ai à en rendre compte qu’à son tuteur ; ainsi, Monsieur, allez porter ailleurs vos outrages, ce qui se fait ici ne vous regarde pas.
— Cela me regarde si fort que, comme membre du conseil de famille, je vais aujourd’hui même en demander la convocation ; et l’on examinera si votre nièce a reçu jusqu’à présent l’éducation à laquelle elle doit prétendre…
Cette menace parut faire un assez grand effet sur mademoiselle de Maran.
— Venez ici, petite, et répondez, — dit ma tante en me faisant signe d’approcher.
Au lieu d’obéir, je me pressai contre M. de Mortagne en le regardant d’un air suppliant.
— Vous voyez bien que vous lui faites une peur horrible avec vos tendresses ! — dit M. de Mortagne. — Ce n’est pas cette enfant qui doit répondre, c’est vous. Elle n’a pas un maître ! elle sait à peine ce que les enfants du peuple savent à son âge ! Vous lui refusez jusqu’aux vêtements convenables à sa position.