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bonheur de joindre la laideur et la méchanceté du feu duc de Gesvres à la difformité et à l’esprit d’Ésope, il ne s’ensuit pas non plus que je doive souffrir vos insolences, entendez-vous bien, Madame, — reprit M. de Mortagne, qui avait toujours rendu à mademoiselle de Maran, grossièreté pour grossièreté.

Ma tante pâlit de rage et s’écria : — Monsieur, prenez garde, quand je hais, je hais bien… et quand je hais, je le prouve…

— Je sais que vous avez des amis puissants et des créatures dangereuses, mais je n’ai besoin de personne… je ne crains personne… Je vous dirai donc la vérité… Tant pis si elle vous blesse ; je l’ai dite à bien d’autres qui n’en sont pas morts… malheureusement ! En un mot, cette enfant est indignement élevée, son éducation est si négligée que j’en rougis pour vous. N’avez-vous pas honte de traiter ainsi la fille de votre frère ?

Ces mots réveillèrent à la fois l’amour de ma tante pour mon père et sa haine contre ma mère.

Elle s’écria :

— Et c’est parce que la mémoire de mon