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déjà très irritée de l’entrée de M. de Mortagne, qu’elle délestait, s’écria aigrement :

— Mais, Monsieur, cela n’a pas de nom !… Qu’est-ce que cela veut dire ? Entrer chez moi comme d’assaut !… écraser mon chien !… Vous croyez-vous encore dans votre caserne ?…

M. de Mortagne m’a bien des fois depuis raconté cette scène.

Il s’assit sans façon à côté du lit de mademoiselle de Maran, me tenant toujours sur ses genoux ; il lui répondit :

— Il ne s’agit, Madame, ni de chien, ni d’assaut ; il s’agit de cette malheureuse enfant, que vous élevez en marâtre…

Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce que c’est ?… — répondit ma tante d’un air hautain. — Êtes-vous donc revenu des antipodes, Monsieur, pour me dire de ces insolences-là ? Parce que vous êtes fait comme un vilain sauvage, et que vous avez une réputation de grossièreté parfaitement bien établie, et méritée d’ailleurs, il ne s’ensuit pas que je me laisserai insulter ni intimider chez moi, entendez-vous bien, Monsieur.

— Et parce que vous avez, Madame, le