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M. de Mortagne me parut un héros ; je ressentis pour la première fois l’ardeur de la vengeance.

Servien était, selon son habitude, dans le salon d’attente qui précédait la chambre à coucher de sa maîtresse.

M. de Mortagne, suivi de Blondeau, allait ouvrir la porte ; le maître d’hôtel se leva et dit :

— Je ne sais pas, Monsieur, si Mademoiselle est visible.

M. de Mortagne, sans lui répondre, le repoussa du coude et entra chez ma tante.

Assise dans son lit en manteau et en chapeau de soie carmélite, selon son habitude, elle lisait ses journaux.

L’entrée de M. de Mortagne fut si brusque, si bruyante, que Félix alarmé sortit vivement de sa niche, et se jeta résolument aux jambes de mon protecteur.

— Prenez garde, prenez garde, voilà le méchant chien, — lui dis-je tout bas.

— Voilà pour lui ! — et d’un coup de pied mon vengeur envoya Félix rouler sous le lit.

Aux hurlements de son favori, ma tante,