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farouche, je n’attaque en rien son honneur ni sa moralité ; seulement je pose cette simple question : « S’il ne faisait pas du mal ou s’il n’en avait jamais fait, pourquoi se cacherait-il comme une véritable bête farouche ? » )

Après cette triomphale parenthèse, M. Godet l’aîné écarta de nouveau le bandeau de son œil gauche.

— Au fait, pourquoi se cacherait-il ? — répétèrent les habitués attentifs.

— Mais voilà bien le gouvernement, — reprit M. Godet avec amertume ; — il sait traquer, trouver, arrêter des conspirateurs ; mais quand il s’agit du salut, de la tranquillité de paisibles bourgeois, serviteur de tout mon cœur ! il n’y a pas plus de sergents de ville ou de commissaires de police que chez les sauvages !

— Que chez les sauvages. — répéta M. Godet puîné.

— Dans les dangereuses conjonctures où nous nous trouvions, abandonné à mes propres forces, ma pauvre madame Lebœuf, — reprit M. Godet l’aîné, — qu’ai-je fait, qu’ai-je dû faire ? Le voici. Je me suis dit : — Godet,