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ma pauvre cousine… Je vais lui dire deux mots, moi ! et de ma grosse voix, encore !

— Mais, monsieur le comte, prenez garde… dit ma gouvernante en le suivant d’un air effrayé.

— Soyez tranquille, madame Blondeau, je ne m’intimide pas pour si peu ! J’ai écrasé du pied des bêtes encore plus malfaisantes que mademoiselle de Maran. — Et il m’embrassa deux fois en me disant : — Pauvre petite, ton sort va changer.

Jamais je n’oublierai la joie que je ressentis en devinant que mon protecteur allait me venger des méchancetés de ma tante.

Dans mon ravissement, dans ma reconnaissance, j’entourai de mes bras le cou de M. de Mortagne, et, croyant lui rendre un important service, je lui dis tout bas :

— Il n’y a pas que ma tante qui soit méchante, Monsieur, il y a aussi son chien Félix ; il faudra bien prendre garde à vous, car il mord jusqu’au sang.

— S’il me mord, ma petite Mathilde, je le jetterai par la fenêtre, — dit M. de Mortagne en m’embrassant encore.