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zarres, il portait sa barbe longue comme quelques personnes la portent aujourd’hui.

La brusquerie de ses manières, la hardiesse militaire de ses paroles, sa physionomie singulière et presque sauvage l’avaient fait surnommer dans le monde le paysan du Danube.

Il appartenait à l’opinion libérale la plus avancée de cette époque, et il ne cachait en rien sa manière de voir, quoique des personnes bienveillantes pour lui l’eussent engagé à plus de modération.

Quand il le voulait, il dissimulait la plus mordante ironie sous une apparence de bonhomie naïve ; mais ordinairement son langage était âpre, rude et presque brutal.

Lorsque ma gouvernante eut exposé à M. de Mortagne la manière dont j’étais élevée par ma tante, la figure de mon cousin, hâlée par le soleil de l’Inde, devint pourpre de colère ; il marcha quelques moments avec agitation ; puis, me prenant brusquement dans ses bras, il se dirigea vers l’appartement de mademoiselle de Maran en s’écriant :

— Ah ! c’est ainsi qu’elle traite l’enfant de