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entrer dans ma chambre un homme jeune encore que je ne connaissais pas.

Dès qu’il parut, Blondeau s’écria en joignant les mains avec une expression de surprise et de bonheur :

— Mon Dieu !… c’est vous, c’est vous ! monsieur de Mortagne !!…

Celui-ci, sans répondre à ma gouvernante, me prit dans ses bras, me regarda en silence, avec une sorte d’avide curiosité ; puis, après m’avoir tendrement embrassée, il me remit à terre, et dit en essuyant une larme : Comme elle lui ressemble !… comme elle lui ressemble !!

Et il tomba dans une sorte de rêverie.

La figure de cet étranger me semblait si bienveillante, malgré la sévérité de ses traits ; il m’avait paru si ému en me contemplant, sa présence paraissait faire tant de plaisir à Blondeau, que je me rapprochai de lui sans crainte.

C’était un cousin-germain de ma mère. Depuis plusieurs années il voyageait, et arrivait seulement en France.

M. le comte de Mortagne passait pour un