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on m’envoyait chercher, on me faisait quitter le sarrau plus que modeste dont ma tante voulait toujours que je fusse vêtue. On m’habillait avec un peu plus de soin que de coutume, et on m’amenait devant mon tuteur.

C’était un grand vieillard blême, à figure de fouine, à perruque blonde très frisée ; il portait un abat-jour de soie verte et une douillette de soie puce tout usée : il était conseiller à la cour de cassation, et d’une sordide avarice.

Quand j’arrivais auprès de lui, il me regardait d’un air sévère et me demandait si j’étais bien sage.

Ma tante se chargeait ordinairement de répondre que j’étais volontaire, stupide et paresseuse.

Mon tuteur me donnait alors une chiquenaude très sèche sur la joue, en me disant :

— Mademoiselle Mathilde, mais c’est très mal !… très mal !… Si cela continue, on vous enverra avec les petites filles des pauvres.

Je fondais en larmes, et Blondeau m’emportait.

J’étais restée trois ou quatre mois sans être présentée à mon tuteur, lorsqu’un jour je vis