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pêchaient d’être glorieuse jusqu’au dédain.

Du premier mot, du premier regard j’étais dominée ou je dominais, et cela, dans les relations les plus ordinaires de la vie. Il y a des personnes vraiment redoutées et redoutables, devant qui les plus hardis tremblaient, auxquelles j’ai toujours complètement imposé, tandis que des gens de la plus grande insignifiance prenaient sur moi un empire absolu.

Je devais encore conserver de mon éducation première l’habitude, la volonté de dissimuler mes chagrins ou mes souffrances, et de me venger du mal qu’on me faisait par une apparence de dédaigneuse insensibilité.

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Je n’avais pas encore sept ans, je crois, lorsque mon éducation fut tout à fait changée. Les événements qui amenèrent cette révolution sont restés très présents à mon souvenir.

On m’avait abandonnée aux soins de ma tante, d’après l’avis de mon tuteur, le baron d’Orbeval, parent assez éloigné de mon père, que je voyais fort rarement.

Lorsqu’il venait chez mademoiselle de Maran,