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créature, l’éducation qu’une personne de sa classe aurait donnée à sa fille.

Les enfants ne se trompent jamais sur les sentiments et sur les caractères de ceux qui les entourent.

Leur pénétration confond ; quand ils se voient aimés, ils savent avec une incroyable habileté assurer leur empire.

Autant j’étais craintive et taciturne avec mademoiselle de Maran, autant j’étais gaie, turbulente, despotique avec ma gouvernante.

Jamais elle ne résistait à mes volontés les plus extravagantes, à moins que ma santé ne fût en question. Elle m’idolâtrait, m’accablait de louanges sur ma beauté, sur mon esprit, sur ma gentillesse.

Je passais ainsi mon enfance, entre les sarcasmes ou les duretés de ma tante, et les flatteries aveugles de Blondeau.

Mon caractère devait participer de ces influences diverses.

J’étais tour à tour orgueilleuse ou humble à l’excès, rayonnante de bonheur ou navrée d’amertume, je ressentais enfin la haine et l’amour à un point inconcevable pour mon