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Elle redoubla ses duretés, je redoublai de courage et de dissimulation.

Je frémis quelquefois encore en songeant à cette lutte ouverte entre une enfant abandonnée et une femme telle que mademoiselle de Maran ; lutte dans laquelle je finis par avoir l’avantage, car la méchanceté de ma tante ne pouvait dépasser certaines limites.

Toute la maison tremblait devant elle, aussi ma gouvernante était-elle en butte à mille petites vexations de chaque jour. Il a véritablement fallu à cette excellente femme un dévoûment plus qu’héroïque pour surmonter tant de dégoûts. Deux fois ma tante voulut m’en séparer ; mais je tombai si gravement malade, qu’elle dut renoncer à toute nouvelle tentative à ce sujet.

Je ne sais si c’était de la part de ma tante résolution arrêtée ou insouciance, mais à sept ans je n’avais encore eu aucun professeur.

Ma gouvernante m’avait appris à lire et à écrire ; elle me faisait dire mes prières, mon catéchisme ; je recevais enfin, grâce à l’attachement presque maternel de cette bonne