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vien, appelez une de mes femmes, qu’elle vienne les balayer, ces beaux cheveux !

Blondeau demanda en tremblant la permission de les ramasser et de les garder.

Ma tante le permit, et lui ordonna de m’emmener.

Au moment où je quittai sa chambre, mademoiselle de Maran me fit venir auprès d’elle, me regarda un moment encore, et s’écria en éclatant de rire de nouveau :

— Mon Dieu ! que cette petite est donc laide ainsi !

Une fois rentrée dans l’appartement que j’occupais avec Blondeau, celle-ci me prit dans ses bras, et me couvrit de larmes et de baisers.

J’avais ressenti une telle frayeur à la vue des grands ciseaux de Servien, que le dénouement de cette scène me parut presque heureux. Je ne partageais pas le culte et l’admiration de ma gouvernante pour ma chevelure ; j’avoue même que je fus assez contente de pouvoir courir dans le jardin sans être obligée d’écarter à chaque instant mes cheveux de mon front.