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Elle savait mademoiselle de Maran capable de tenir sa parole. Avant tout, elle craignait de me quitter ; elle se résigna au sacrifice.

Toute ma vie je me souviendrai de cette scène. Elle semble puérile ; mais pour moi elle était horrible.

Servien, avec sa figure moitié lie de vin, tenait ses grands ciseaux ouverts. Je crus qu’il voulait me tuer… Je poussai des cris perçants.

— Prenez-la donc dans vos bras ! — dit ma tante à cet homme, — et tenez-la bien ; en se débattant elle se ferait blesser.

Hélas ! je ne songeais plus à me débattre, j’avais presque perdu tout sentiment.

Blondeau se cachait la figure en sanglotant ; Servien me prit dans ses grosses mains.

Je fermai les yeux, je frissonnai au froid de l’acier sur mon cou ; j’entendis le grincement des ciseaux… et je sentis mes cheveux tomber tout autour de moi.

L’exécution finie, ma tante dit à Servien, en riant de toutes ses forces :

— Maintenant, elle a l’air d’un affreux petit enfant de chœur… Allons… allons… Ser-