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c’est ? — demanda ma tante de sa voix impérieuse et perçante, qui faisait tout trembler autour d’elle.

— Oui, Mademoiselle, — répondit ma gouvernante d’une voix émue, — Madame la marquise… m’a recommandé de ne jamais couper les cheveux de sa fille. On ne les lui avait jamais coupés à elle-même… Pauvre Madame !… Elle les avait si beaux !… C’est pour cela qu’elle m’a fait cette recommandation avant… avant de mourir… — dit l’excellente femme et elle se mit à fondre en larmes.

— Vous êtes une impertinente et une vilaine menteuse ! Ma belle-sœur n’a jamais dit une telle sottise… Des ciseaux, et finissons.

Ma tante dit ces mots : Ma belle-sœur, avec un accent d’ironie si amère, que plus tard j’avais toujours le cœur serré quand je lui entendais prononcer ces paroles.

Mademoiselle de Maran semblait tellement irritée, qu’il se serait agi de ma vie que je n’aurais pas été plus épouvantée.

D’une main elle me tirait à elle, en me serrant le bras dans ses longs doigts maigres et durs comme du fer ; de l’autre elle ôtait mon