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Pour me décider à me rendre auprès de mademoiselle de Maran, il fallait toute la tendresse de ma pauvre Blondeau. Elle m’avait avertie que si je continuais à montrer cette frayeur, elle serait forcée de me quitter. À cette menace, je surmontais mes craintes, j’étouffais mes pleurs, je serrais la main de Blondeau dans mes petites mains, et nous partions pour ces redoutables entrevues.

Il fallait traverser un premier salon où se tenait habituellement le maître d’hôtel de ma tante, appelé Servien.

Cet homme partageait avec le chien-loup de mademoiselle de Maran, appelé Félix, mon insurmontable aversion. Servien avait presque la moitié du visage envahie par une abominable tache de vin, une bouche énorme, de grandes mains velues. Il me faisait l’effet d’un ogre véritable.

Enfin, la porte de la chambre à coucher de mademoiselle de Maran s’ouvrait, je me cramponnais à la robe de Blondeau, et je m’approchais en tremblant du lit de ma tante.

Ma terreur n’était pas sans cause, car Félix, petit chien-loup blanc, à oreilles pointues,