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servait toutes les questions sérieuses pour mademoiselle de Maran.

Celle-ci ne se contraignit plus ; elle fit bientôt expier à ma mère par des chagrins de chaque jour la fatale union qu’elle avait contractée.

Mon père, le meilleur des hommes, était malheureusement d’un caractère faible, quoique rempli de droiture, de générosité. Il aimait sa femme, sans doute, mais il ressentait pour sa sœur autant d’attachement que de vénération, et il la considérait comme le guide le plus sûr, le plus précieux qu’il pût avoir.

Après la première année du mariage de mon père, l’influence de mademoiselle de Maran, un moment balancée, redevint plus absolue que jamais. Ma mère commença de s’apercevoir avec douleur qu’elle n’avait jamais eu la confiance de mon père.

Rien ne se faisait sans l’initiative ou sans l’approbation de ma tante. Deux ou trois fois, ma mère essaya d’être maîtresse chez elle, et se plaignit à son mari des empiètements de mademoiselle de Maran ; il s’ensuivit des scènes cruelles.