Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rendre plus vraie la physionomie de mademoiselle de Maran.

Louis XVIII, qui aimait la cruauté dans l’épigramme et la crudité dans la plaisanterie, se plaisait assez à l’entretien de ma tante et disait : « On est avec elle plus à son aise qu’avec un homme et moins gêné qu’avec une femme. »

En 1812, le marquis de Maran, mon père, avait environ quarante ans. Plusieurs fois il avait voulu se marier ; mais sa sœur, qui craignait de perdre l’empire qu’elle possédait sur lui, avait rompu ses différents projets de mariage, soit par des calomnies adroitement répandues sur les jeunes filles qu’on proposait à M. de Maran, soit en lui prêtant à lui-même un caractère à la fois si violent et si dissimulé que bien des pères ne voulaient plus entendre parler d’une union avec un pareil gendre.

M. de Maran vit ma mère ; elle était si belle, d’un naturel si charmant, d’un esprit si enchanteur, qu’il en devint passionnément épris, épris à ce point qu’il annonça en même temps à sa sœur et son amour et sa résolution de se marier.