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s’immolait elle-même au ridicule, pour avoir le droit d’y sacrifier les autres sans pitié. Elle usait avec un art infiniment dangereux des secrets qu’elle savait toujours surprendre aux étourdis ou aux gens sans défiance pour dominer plus tard les dupes de son astuce ; connaissant le point vulnérable de chacun, elle ne reculait devant aucune raillerie si amère qu’elle fût, suppliant à son tour qu’on ne l’épargnât pas.

Elle affectait ordinairement une certaine familiarité de langage qui approchait fort de la vulgarité. Je lui ai entendu dire qu’ayant passé une partie de sa jeunesse à Ponchartrain, chez la vieille madame de Maurepas (lors de l’exil de M. de Maurepas dans cette terre), elle avait contracté là cette habitude de se servir d’expressions communes, habitude très à la mode sous la régence, et qui s’était perpétuée chez quelques personnes à la cour jusqu’à la fin du règne de Louis XV.

L’on ne doit pas s’étonner de rencontrer çà et là dans mon récit les traces d’un langage qui, de nos jours, semblerait très choquant. Je n’ai voulu rien altérer de ce qui pouvait