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les avait causées, le dédain a remplacé la douleur ; à de cruelles agitations a succédé un calme morne et triste. J’ai dit le bien sans orgueil, le mal sans fausse humilité ; je n’ai pas dénigré mes ennemis, je n’ai pas loué mes amis ; j’ai dit leur conduite envers moi. J’ai jeté sur ma vie un regard juste, sévère comme celui d’un juge.

« Dans ma pensée, c’était à notre amie, à notre sœur, que je m’adressais ; c’était à vous.

« Je me souvenais que bien des fois vous et elle m’aviez dit, dans ce temps si heureux : Racontez-nous donc quelques pages de votre cœur. Je me souvenais que ma franchise vous charmait, vous effrayait tour-à-tour.

« Si vous lisez ces pages, mon ami, vous ne m’aimerez pas plus, mais vous m’estimerez peut-être davantage.

« Maintenant mon but est rempli : mon cœur est vide, mais tranquille. Le passé me répond de l’avenir. C’est à vous que je dois le repos que je goûte… Jamais je n’eusse fait à d’autres ces confidences. Et ces confidences ont calmé de bien vives douleurs.