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« J’avais un tel besoin de calme, ou plutôt d’oubli de tout et de tous, que ce bruissement lointain du temps qui n’était plus m’était odieux.

« Alors j’ai fait cette réflexion bizarre : — On calme, on use des chagrins en les confiant. Peut-être en écrivant cette histoire de ma vie, me débarrasserai-je des souvenirs qui m’obsèdent, peut-être cette muette confession me rendra-t-elle le repos.

« J’ai pensé aussi que je trouverais une sorte de joie amère à revenir une dernière fois sur le passé, à y choisir quelques fleurs précieuses encore, quoique desséchées, à jeter le reste au vent de l’oubli… à pouvoir enfin épancher les indignations que ma fierté avait jusqu’ici toujours contenues…

« Je ne me suis pas trompée dans cette espérance, mon ami ; ce loyal aveu de toute ma vie, nobles actions ou lâches erreurs, m’a soulagée ; les fantômes dont s’effrayait mon imagination se sont évanouis.

« En jetant un coup-d’œil désabusé sur les temps qui n’étaient plus, en faisant le compte de mes larmes, en calculant froidement ce qui