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— Pardieu !… je vois bien, un moutard supprimé,… faux-pas défunt de quelque vertu champêtre,… épisode de la vie d’une rosière. — Puis regardant autour de lui, et montrant à son père, du bout de son fouet, l’orifice de la seconde issue du repaire, il ajouta : — Si ce que ces imbéciles de paysans appellent le brigand s’est caché ici, il aura filé par ce trou,… pas plus de brigand que de renard, double chasse manquée… Dis donc ? c’est gentil, l’innocence des mœurs rustiques ?… Après cela, croyez à la crème et aux œufs frais des campagnards.

Et, tournant les talons, le vicomte se disposait à quitter le souterrain.

Malgré la dureté de son caractère, le comte Duriveau s’était d’abord senti choqué, peut-être humilié (il avait laissé, devant son fils, percer son attendrissement) de la cruelle indifférence de Scipion ; mais ces dernières paroles répondant à la pensée favorite du comte, et venant, pour ainsi dire, comme preuve à l’appui de son incurable mépris pour certaines races, il dit à son fils :

— Je le sais depuis long-temps, la plèbe des campagnes est aussi corrompue que la plèbe des villes :… le fumier des champs vaut la boue des cités !

Puis cédant, comme toujours, à l’entraînement de son premier mouvement, le comte saisit le berceau, à la grande surprise de son fils, remonte précipitamment avec ce triste fardeau, et s’adressant aux paysans inquiets de savoir ce qui se passait dans le repaire, s’écrie d’une voix tonnante :

— Tenez, intéressants campagnards, malheureux