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lit, et remplie de fougères desséchées ; à côté de cette couche rustique on distinguait un orifice étroit, comme celui d’une galerie de mineur ; un homme pouvait y passer en rampant ; la pente de ce long conduit s’élevait, du fond de la caverne au niveau du sol extérieur, où il aboutissait, ainsi que le témoignait une faible lueur bleuâtre, produite par la filtration du jour à travers les feuilles ; la double issue de ce repaire laissée ouverte, expliquait la disparition de Bamboche.

Le vicomte rejoignait son père au moment où celui-ci reculait en tressaillant à la vue des humbles et mystérieuses funérailles de ce petit enfant mort, couché dans un berceau jonché de fraîches bruyères. Lors même que le vicomte eût été passagèrement ému à l’aspect de ce tableau simple, touchant et douloureux, sa réputation d’homme blasé, de roué, l’eût obligé de dissimuler cette impression, mais la sécheresse de cœur de cet adolescent flétri vite et jeune dans la terrible atmosphère où il avait vécu depuis l’âge de quinze ans, était réelle. Il ne l’affectait pas, ainsi qu’on était tenté de le croire, il l’affichait audacieusement. Aussi, lorsque son père, cédant malgré lui à un sentiment involontaire d’intérêt et de pitié, lui dit d’une voix légèrement troublée, oubliant les griefs qu’il avait et qu’il voulait lui reprocher, au sujet de Raphaële Wilson :

— Scipion,… vois donc… ce pauvre enfant mort.

Scipion répondit en plaquant son lorgnon à sa paupière :