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— À deux cents pas d’ici, du côté de la petite clairière, près des roches.

— Ah ! par ma foi, Mesdames, — dit le comte en se rapprochant des deux femmes, — voici un singulier retour de fortune : tout-à-l’heure nous désespérions, maintenant nous avons bon espoir ; si nous prenons notre renard, ce sera un véritable prodige, et le magicien sera ce digne Lumineau.

— Il n’en fait jamais d’autre, — dit le vieux veneur.

Et il se dirigea au galop à travers bois du côté de la clairière, non loin de laquelle se trouvait le repaire du braconnier.

— Il n’y a rien de plus charmant que ces espérances qui succèdent tout-à-coup au désespoir, — dit gaîment Mme Wilson en jetant un regard d’intelligence à sa fille. — Allons, mon cher Comte, venez voir si ce miraculeux Lumineau, comme on l’appelle, accomplira le prodige qu’on lui demande.

Et Mme Wilson ayant mis son cheval au galop, la cavalcade partit rapidement, suivant, sous une futaie largement espacée, la direction que le piqueur avait prise.

Seul M. Alcide Dumolard resta bientôt en arrière, car il fallait habilement manier un cheval pour galoper en serpentant à travers une futaie de pins énormes, plantés en échiquier. M. Alcide Dumolard, n’essayant pas de demander à sa monture cette preuve de souplesse serpentine, se contenta de suivre les autres chasseurs de loin, tantôt au pas, tantôt au petit trot. Cependant, se voyant, malgré ses efforts, de plus en plus distancé de