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auprès d’eux pour vous gagner toutes leurs voix, placez-moi auprès du plus récalcitrant, et vous verrez…

— Je ne doute pas de votre pouvoir, — dit le comte en souriant à son tour, — si vous plaidez ma cause, elle est gagnée… Allons, adieu la chasse.

— Nous n’avons plus, Madame, qu’à regagner la croix du carrefour où vous attend votre voiture. Allons, Latrace, recouple tes chiens…

— Eh bien, mon enfant, nous renonçons à la chasse, — dit Mme Wilson en se retournant vers Raphaële dont elle se rapprocha et qu’elle entretint un instant à voix basse ; aussi la figure de la jeune fille redevint-elle bientôt tout-à-fait heureuse et souriante.

À ce moment, M. Alcide Dumolard qui, fort prudent, modérait beaucoup les allures de son cheval, ayant fait d’ailleurs un assez long circuit, pénétra dans l’enceinte et dit d’un air mystérieux au comte Duriveau :

— Qu’est-ce donc que cette troupe de gens armés de fourches et de bâtons qui viennent par ici en poussant, de temps à autre, comme un cri de signal ?

— Je n’en sais absolument rien, mon cher Dumolard, — dit le comte assez surpris.

Le vieux piqueur se hasarda de dire timidement en s’adressant à son maître qui semblait l’interroger du regard :

— Ce sont des gens du bourg, Monsieur le comte ; ils prêtent main-forte à M. Beaucadet et à ses gendarmes.

— Main-forte ? Et pourquoi faire ? dit le comte de plus en plus étonné.

— Pour traquer un assassin très-dangereux échappé