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Autant la physionomie de la mère était vive, mobile et agaçante, autant la physionomie de sa fille était candide et mélancolique. Jamais les nuageuses vignettes anglaises, jamais l’aristocratique pinceau de Lawrence n’ont approché de ce charmant idéal. Quel coloris aurait pu rendre la pâleur transparente de ce teint si délicatement rosé, le bleu de ces grands yeux à la fois vif et doux, comme celui du bluet ; la blancheur lustrée de ce front charmant encadré de cheveux châtains à la fois si souples, si fins, si naturellement ondulés, que la coiffure de Raphaële n’avait pas subi ce léger désordre que cause ordinairement l’agitation d’une longue course à cheval ? Les boucles élastiques de sa chevelure flottaient autour de son ravissant visage, aussi légères que son petit voile de gaze verte, relevé de côté sur le feutre noir de son chapeau d’homme.

Sous l’élégant corsage de l’habit de cheval en drap noir que portaient Mme Wilson et sa fille, leur taille, diversement charmante, se dessinait à ravir, plus svelte, plus élancée, on pourrait dire plus chaste chez Raphaële,… plus pleine, plus voluptueusement accusée chez sa mère.

La coupe de leur vêtement rendait cette différence plus sensible encore ; ainsi le corsage de Raphaële, montant et rigoureusement fermé jusqu’au cou, ne laissait voir qu’une petite collerette plissée et retenue par une étroite cravate de soie d’un bleu céleste comme l’azur des yeux de la jeune fille, tandis que le corsage de Mme Wilson, ouvert par devant en forme de veste, quoique étroitement collé à la taille, découvrait un petit gilet chamois très-pâle, à boutons d’or, lequel coquet petit