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tonnante qui semblait sortir des entrailles de la terre, et qui sortait sans doute de la cave où cette femme avait emporté l’enfant.

Je compris le sens de ces mots : — Je berce Bamboche.

La Levrasse ajouta :

— Heim… cette bonne maman ? Entends-tu ? comme elle berce ses petits enfants chéris ; c’est comme cela que tu seras bercé, petit Martin.

— Oh ! oui… oui, je le crois, — murmurai-je en frémissant.

— Viens donc, ma vieille ; dépêche-toi, — répéta la Levrasse.

— Un moment donc ! tonnerre de Dieu ! me voilà, — répondit la mère Major d’une voix qui fit trembler les vitres.

Quelques instants après, la mère Major entra dans la chambre.

C’était une femme d’environ trente-six ans, grande de près de six pieds ; sa carrure et son embonpoint énormes, sa lèvre supérieure ombragée d’une véritable moustache noire, comme ses sourcils épais, sa figure large et colorée, sa tournure hommasse, sa voix rauque et mâle, sa physionomie dure et effrontée, enfin son apparence toute virile, formait le plus bizarre contraste avec l’extérieur de la Levrasse.

J’ai vu depuis comment le hasard qui avait donné à cet homme la figure imberbe et la voix claire d’une femme, et à cette femme la moustache et la voix virile d’un homme, étaient exploités par tous deux au profit du côté grotesque de leurs exhibitions ; parmi ses diffé-