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renard était arrivé dans la clairière, y reconnaît nécessairement ainsi les traces de l’animal. Alors, ainsi qu’il avait déjà fait, il efface ces empreintes sous ses pieds pendant environ deux cents pas, jusqu’à un énorme tronc d’arbre renversé que le renard avait sans doute escaladé.

Sûr alors que cette immense solution de continuité dans la voie chaude et odorante que le renard laisse après soi, et qui seule, nous l’avons dit, peut guider la meute dans sa poursuite, devait rendre la chasse impossible et l’éloigner de son repaire, le braconnier s’élança au plus profond du bois.

Les prévisions de Bête-Puante ne furent d’abord pas trompées.

Il avait disparu depuis quelque temps ; la meute criait à pleine gorge ; soudain ces aboiements, ces hurlements si sonores, si retentissants, cessent comme par magie : les chiens étaient à bout de voie, c’est-à-dire qu’ayant sauté par-dessus l’énorme tronc d’arbre en deçà duquel le braconnier avait détruit, en foulant le sol, l’empreinte et l’odeur du passage du renard, la meute ne trouvant plus rien qui la guidât, la meute, qui n’aboie que lorsqu’elle est en plein sur la piste de l’animal, se tut tout-à-coup.

Allant et venant, inquiets, déconcertés de cette brusque interruption dans cette voie jusqu’alors si puissante sur leur odorat, les chiens, déroutés, quêtaient et requêtaient en vain de tous côtés, le nez collé au sol ;… ils étaient, ce qui s’appelle, tombés en défaut à deux cents pas environ de la tanière du braconnier.